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Braize ... en quête de célébrités

Si on remonte au «Temps des Légendes », la palme revient incontestablement à l'omniprésent Satan, Satan dont la monture ferrée d'or transperce l'énigmatique « Pas de la Mule », Satan qui construit en trois jours un Château à La Pacaudière pour détourner un pauvre moine de la vraie religion et qui, plus tard, dansera toutes les nuits avec ses suppôts une sarabande infernale dans les ailes du château, Satan qui, sur les chemins de la « Foire de Braize », berne le cupide vendeur venant de la clairière devenue le lieu-dit de La Bouteille.

A mi-chemin entre légende et histoire (mi-chemin paraissant optimiste), La Pacaudière dont personne ne voulait plus depuis l'histoire du Diable et de l'Ermite aurait été donnée par Pépin le Bref à l'un de ses chevaliers après ses guerres contre Waïfre de Gascogne, duc d'Aquitaine.

En 1697, le seigneur de La Pacaudière était le chevalier Charles des Coûtz qui percevait également « la moitié de la dîme » de Pied-Chevalin situé près du fief des Brosses d'Ainay.

La Pacaudière fut le fief de la Famille de Vignolles aux XVIIème et XVIIIème siècles Vers 1770 (?), elle appartient au sieur Augustin Thomas Nicolas Denise; il est Receveur des Tailles à St Amand.

Au milieu du XIXème siècle,le baron Auguste Ernest de Lallemand du Marais est le propriétaire du château de La Pacaudière, il sera élu à deux reprises maire de Braize, de 1865 à 1880. C'est au cours de son premier mandat, en 1869, que fut édifiée la première école de la commune .Il obtient le titre de Baron à la suite de son mariage avec Wilhelmine von Koppenfeld, noble originaire du Duché de Saxe. Le baron de Lallemand et son épouse Wilhelmine eurent 4 enfants, dont 2 sont nés à La Pacaudière.

L'aîné, Walter Jean Frédéric Guillaume de Lallemand du Marais, est né à Braize le 8 avril 1860 (marié avec Catherine de Meaux - Général de Brigade - fait Commandeur de la Légion d'Honneur le 9 novembre 1917).

Le baron et la baronne ont dû quitter La Pacaudière en 1881 pour le château du Prieuré en Eure et Loir où ils décéderont tous les deux. Ensuite, la propriété appartint au baron Du Peyroux, famille qui donnera un maire à la commune (1881-1887).

André Morel: descendant des propriétaires des forges de Saint-Nicolas, à Revin dans les Ardennes, qui y entretenaient une importante meute au manoir de La Mériseraie. Il acquiert le Château de La Pacaudière dans les années 1920 où, avec son équipage de La Mériseraie reconstitué, il va pratiquer une méthode de chasse à courre discrète et insolite en forêt de Tronçais, avec personnel et chiens anglais, sans sonneries de cors, sans invités, sans apparat. Il autorisera les laveuses de Braize à utiliser gratuitement le « Cros chaud » situé près de la chaussée de l'étang et dont les eaux ne gèlent pas ...un « Cros chaud » ... un « Chtit Moulin » en aval: peut être le souvenir d'anciennes redevances banales ?

L'abbé Boutoute: il est originaire du Cantal; on relève sur le registre paroissial son premier acte de baptême à Braize: Le "septième octobre mil sept cent quarante deux", a été baptisée Marie Bonnet... etc. signé: Boutoute desservant de Braise. En 1791, il refuse de prêter le serment constitutionnel exigé de tous les prêtres par l'Assemblée législative; emprisonné à Moulins, il est condamné à la déportation sur le ponton "Les Deux Associés", ancien navire utilisé pour le transport des esclaves, amarré entre Rochefort et l'estuaire de la Charente, où il meurt en 1794.

La famille Chapelard: en 1824, une femme, Françoise Berchon, veuve de Jean Chapelard, installe une tréfilerie à l'emplacement de l'ancien moulin de Laloeuf. La population de la commune va passer de 303 habitants en 1821 à 454 en 1846; l'ouvrier d'usine sera requalifié en tréfileur. Louis Chapelard, son fils, est maire de Braize de 1836 à 1847.

La famille Carreau: famille de gros propriétaires terriens à Braize et dans les communes voisines: les domaines de Beauregard, mis en valeur sur l'ancien cadastre napoléonien, au bourg, la "Maison Au Bon Saint Antoine" et l'imposante ferme "du Clocheton". Ils donneront à la commune de nombreux conseillers municipaux, adjoints et deux maires, Jean et Pierre Carreau, au milieu du XIXe siècle (leurs sépultures se trouvent près du chevet de l'église) Lors de la vente de Beauregard, on retrouva dans un placard quelques photos jaunies, parmi lesquelles la batteuse à Beauregard, des boeufs au labour, mais aussi les laveuses au Pont du Cher à Urçay et l'arrivée du train en Gare d'Urçay, ces deux dernières ayant illustré des cartes postales que l'on peut encore trouver en vente sur internet (ci-dessous, le train en gare d'Urçay).

Les d'Aubigny furent seigneurs de Prédoré (près de l'orée ... pré doré ... ?) Vers 1770 (?), le sieur Nicolas d'Aubigny est écuyer à La Bruière de Braize « par succession de son père 

 

ANNEXE : Dans la Description générale du Bourbonnais en 1569 de Nicolas de Nicolay, parmi les paroisses et collectes de la chastellenie d'Aynay le Chastel, on peut noter: « Braize, villaige et collecte et commanderie de Sainct Jehan de Jérusalem, estant de la paroisse de Saint Bonnet du Désert, près lequel est la maison noble de La Placaudière, contenant ledict villaige 38 feux ». « La maison noble, terre et justice de La Bruière du Temple » est mentionnée justice vassale de ladicte Chastellenie d'Aynay, alors que « le sieur de La Pacaudière et le sieur de La Leu » ne sont que vassaux non ayant justice, tous deux en la paroisse de Saint Bonnet du Désert et, « parmi les estangs et molins qui sont dans et es environs de ladicte forest de Tronçaye, on relève « les fossés de La Bruière » dont le capitaine (d'Ainay) jouist ... les Fossés de La Bruyère ne peuvent être que des douves ... qui dit douves dit ... château, où était ce château de La Bruyère ?

A la fin du XVIIème siècle, le geôlier-concierge des prisons d'Ainay recevait comme traitement annuel 72 mesures de seigle provenant de droits perçus dans les paroisses de Braize et Saint Bonnet, la prison étant située à l'intérieur de la Porte de l'Horloge

Loin de la Renommée, deux anonymes, si discrets comme tant d'autres à cette époque:

Un oncle Louis A, celui de la Tante Fine et de Moitié d'Jau, a dû travailler très jeune, dès 14 ou 15 ans pour venir en aide à ses parents qui habitaient à l'autre bout du village, à l'extrémité de la « Rue des Oies » En été, les gros propriétaires du Berry manquaient de main d'oeuvre pour les moissons et, chaque matin, un camion venait à Charenton louer pour la journée les ouvriers nécessaires; l'oncle partait donc de Braize à pied pour aller se faire embaucher; les employeurs ne regardant pas à la nourriture, il rentrait chaque soir à la maison pour y rapporter quelques provisions ... il devait être 23 heures ... il fallait repartir à 3 heures du matin ... on n était pas au Moyen-âge mais au début du XXème siècle !

Plus tard, il sera « chaveur de balais » à La Goutte (défricheur de genêts), ouvrier agricole à la ferme de la Pacaudière, employé aux fours à chaux de Cheverret, près de Charenton puis il passera « de l'autre côté de la rue » pour devenir manutentionnaire à la gare de marchandises de Mayenne, contrôleur sur les lignes de l'ouest, de Fouras au Havre, à la SNCF, fraîchement nationalisée avec l'épisode de « La Bataille du Rail » sur son secteur normand ... il va terminer sa carrière Contrôleur Principal à la Gare St Lazare à Paris; retraité, il reviendra dans son village natal dont il sera maire durant plusieurs mandatures ...

Avec l'arrière grand-père Pierre T, nous entrons dans le monde des charbonniers, dresseurs de meules, regroupés à Baignereau, près de la Garde des Landes Blanches où le Maître des Forges de Tronçais, Nicolas Rambourg, avait droit d'abattage. Monde de misère aussi: le dresseur devait vivre jour et nuit, près de sa meule, à surveiller la combustion de son bois, ni trop rapide, ni top lente un monde de la Forêt, à part, souvent mal vu des cultivateurs, soucieux d'y conserver leurs prérogatives !

Dernier né d'une famille de six enfants, il est le descendant d'une lignée de forgerons morvandiaux venus apporter leur savoir-faire aux Etablissements de Nicolas Rambourg, à Tronçais; son grand-père Guillaume fut « Garde-Fourneau » à l'usine de Sologne.

Le mauvais feuilleton familial a commencé avec le décès de son frère Pierre, né en janvier 1846 et décédé 14 mois plus tard. Notre aïeul, Pierre lui aussi, va naître le 8 janvier 1848. Ci-dessous, le livret d'ouvrier de son demi-frère, Martin Tripier, ouvrier « par la grâce de Dieu et de l'Empereur Napoléon III ...»

A vingt ans, Pierre T va participer à la Guerre de 1870; fait prisonnier à Sedan, il restera en captivité en Allemagne à Dresde, sur l'Elbe (c'est bien loin pour un Bourbonnais d'alors !) du 2 septembre 1870 au 5 juillet 1871.

Le 26 février 1872, il épouse à Braize celle qu'on a toujours connue sous le nom de « la Grand-Mère Solange »; une fille, Annette, naîtra en 1877, morte à l'âge de quatre jours. Il aura à peine le temps de connaître ses jumeaux Pierre et Etienne, nés le 4 septembre 1879 et décédera dans la nuit du 31 décembre de la même année. D'après son petit fils Joseph de La Chasserie il est mort asphyxié dans sa hutte, près de la meule de charbon de bois, à La Verrerie. Pour se réchauffer, avec son frère Martin, il avait branché un tuyau depuis le bas de la meule vers la hutte; Martin a survécu.

La grand-mère Solange tiendra alors une petite épicerie, à l'entrée du village ... seuls souvenirs: une photo jaunie datant de 1904, avec ses deux jumeaux, une jolie croix en fer forgé au cimetière de Braize et cette anecdote: elle vendait des harengs « en caque » d'origine Fécamp, refusant tout arrivage en provenance de Boulogne !

Un détail relevé sur l'acte de décès d'Annette en 1877: un des 2 témoins était un cousin, Pierre Véniat, le 1er instituteur de la 1ère école communale, ouverte à Braize en 1869.


Jean-Jacques