Les contes du Bourbonnais revus par Papy

C'était...il y a très longtemps...j'avais alors quatre ou cinq ans ; Quand je ne « savais pas quoi faire », mon Papy ne me « mettait pas une petite cassette »...Mais les vacances ramenaient régulièrement Tante Joséphine Auclair au Champ de Balais. Et Tante fine connaissait des histoires...plus exactement deux histoires : les Contes des Trois Laveuses et de Moitié d'Jau.

Combien de fois les ai-je fait répéter, assis sur ses genoux ?...Les Trois Laveuses, je les ai retrouvées dans la Bande dessinée des Trois Petits Cochons, remplacés par une poule et une cane insouciantes et un cochon donneur de leçons. Par contre, j'ai longtemps cru que Moitié d'Jau était une œuvre originale, imaginée à mon intention par ma Tante Fine ...très longtemps!

contes

Hélas, on m'a offert, il y a peu, une « Histoire de la Petite Moitié de Coq », d'après un ancien Conte du Poitou (M. Raffarin contant Moitié d'Jo, vous imaginez !)...Et puis Internet en a rajouté : plus de quatre-vingts versions en ont été publiées : mon « Père Janvier » disparaissait une seconde fois.

Avec notre coq, ces contes font intervenir chien, abeilles, renard, loup, rivière...le mien ne mettait en scène que les trois derniers. La narratrice ignorait-elle cette version complète ?...ou bien, abrégeait-elle volontairement son récit, lassée par mes sollicitations répétées : « Tante Fine, raconte-moi Moitié d'Jau ».

Une mise au point délicate...: les textes rédigés par des auteurs « bien élevés » font dire à Moitié d'Jau :

...descends de mon dos, sinon je suis perdu !

...sors de mon derrière, sans quoi je suis fichu !

Tante Fine, extrêmement polie pourtant, s'exclamait :

...Renard, sors de mon cul

Sans toi, je suis perdu !

Ce qui résonne beaucoup mieux, et puis la rime est plus riche ! De même, aux animaux fatigués de le suivre, le coq ordonnait, péremptoire :

...Allez, rentre dans mon cul !

J'aimais trop cette « Tante Fine » pour dénaturer maintenant son texte...

Plus tard, Papy a mis ce Conte au répertoire destiné à Jean-Luc, André, Nathalie et Christine, en l'actualisant : Tante Marie est la propriétaire du coq, la vieille Armandine tient le rôle de la voleuse, Renard et Loup sont les hôtes de la Forêt de Tronçais et le Cher accompagne Moitié d'Jau jusqu'à Urçay où se terminera notre récit.

Je me souviens beaucoup moins du Conte des Trois Laveuses, façon Tante Fine ; elle actualisait également ce Conte bourbonnais dont vous retrouverez facilement la version originale sur internet...intervenaient les chiens du Marquis de La Pacaudière « qui faisaient pipi » sur le loup, enfermé dans l'arche (la maie)...alors qu'en réalité, c'étaient nos trois fugitifs qui l'ébouillantaient, au moyen d'un entonnoir !...mais ça devient très flou...l'âge, sans doute ? Alors, au cours d'un séjour à la montagne, on a mis au point une nouvelle version, genre feuilleton en cinq épisodes, qui permit de mieux faire accepter quelque lecture du soir à une écolière fatiguée...c'est celle que nous allons retenir.

LE CONTE DE MOITIÉ D'JAU

moitié d'jau

Qui était Moitié d'Jau ?...Un coq, un beau gros coq, mais que la nature (c'est vite dit) avait doté d'une unique patte...

Oh ! Pas n'importe quelle patte : une patte ferme, résistante, musclée, mais une seule patte quand même !

Pourquoi cette infirmité ?...personne ne sait exactement. Certains disent qu'il est né d'un tout petit œuf tout mal fichu ; d'autres prétendent même que cet œuf ayant été coupé en deux, le mari en mangea une moitié et sa femme n'eut qu'un demi-œuf à faire couver...d'où le résultat que vous connaissez. Mais sa propriétaire, la Tante Marie qui habitait alors à La Chasserie est certaine qu'il a perdu sa deuxième patte en défendant la basse-cour contre Renard...et Tante Marie a une très bonne mémoire !

Toujours est-il qu'on avait décidé que Moitié d'Jau ne finirait pas « Coq au vin » et qu'il mourrait de sa belle mort ...  (Lire la suite de Moitié d'Jau...).

LES TROIS LAVEUSES

trois laveuses

C'était au mois de décembre 1936 : Papy avait 6 ans et Mamie six mois à peine...Grand'mère Louise, tante Marie et cousine Francine lavaient leur linge à la mare de Beauregard.

« Pour Noël, annonça grand'mère, on tuera la vieille poule Caquette : elle fera un bon fricot et une bonne soupe

-Nous, on fera rôtir Cancane, l'avant dernière de nos oies.

-Et à Beauregard, ajouta cousine Francine, on profitera de la période de neige pour saigner Grognon, notre cochon qui fait de plus en plus de graisse ! Il fournira des rôtis, des pâtés et du boudin pour les fêtes de fin d'année. »

Horreur ! ...l'oie Cancane, cachée derrière les roseaux, avait tout entendu... (Lire la suite des Trois Laveuses)

Jean-Jacques